Archive - septembre 2016
IDA sur les pas de Gertrude Stein en pays du Bugey
théâtre et vidéo

En bref...

IDA est une ode intimiste et sensible à la promenade, à l’autre et au monde dans laquelle résonne une liberté féroce. 

En complément...

«Vous avez dit IDA ? Ida est un personnage énigmatique que Gertrud Stein définit par propositions contradictoires et erratiques. Dans la même phrase, l’écrivaine dit d’Ida qu’elle habite dans l’Ohio et dans le Montana, qu’elle rêve ou qu’elle ne rêve pas ou qu’elle est mariée et qu’elle ne l’est pas. L’idée? Imaginer une nouvelle façon d’écrire qui ne fige rien d’une personne, accepte qu’elle soit ceci et cela. Belle réflexion que Julie Cloux, dirigée par Eveline Murenbeeld, restitue avec une formidable clarté et simplicité. Derrière elle, défilent des paysages montagneux du Bugey travaillés au noir et dont la douceur égale la mélancolie. Le moment, à voir jusqu’à mercredi au Grütli, relève de la veillée.»
Marie-Pierre Genecand, Le Temps, 5 septembre 2016

Mais encore...

texte Gertrude Stein
traduction Daniel Mauroc
mise en scène et vidéo Eveline Murenbeeld
interprétation Julie Cloux
lumières Luc Gendroz
son et projection vidéo Michel Zürcher
collaboration sonore  Marie Jeanson
régie son et vidéo Jean Keraudrem
régie lumière Robert Hatt
 
production La Cie des Basors
coproduction La Bâtie-Festival de Genève, Arsenic - Lausanne, Centre de culture ABC - La Chaux-de-Fonds
 
première dans le cadre de La Bâtie-Festival de Genève
Ida rappelle les personnages des romans des siècles passés, où les princesses des poètes romantiques, percluses dans l'attente, qui ne font rien et se contentent d'exister et de se promener. Y flottent des fantasmes de femmes, des héroïnes de contes, mais rien ne semble demeurer et être ce qu'il paraît.
IDA est une fable philosophique existentialiste, animée par un mouvement étrange, qui privilégie l’inaction et l'être sur le faire. Son écriture évoque ces chorégraphies où la grammaire est correcte mais où les enchaînements troublent la perception et provoquent un mélange de surprise, d’hilarité et d’inquiétude.

Seule sur le plateau, Julie Cloux incarne magnifiquement ces identités multiples, parle avec sa jumelle Ida-Ida et nous fait passer d’une histoire à l’autre dans un flux de conscience ininterrompu. Elle nous donne à entendre, tout en restant au plus près du texte, ce qui se cache derrière cette langue merveilleuse et si particulière, à la fois simple et complexe, dense et légère comme le vent qui souffle sur les hauteurs du Grand Colombier.

En superposition au monologue d’Ida, Eveline Murenbeeld reprend les chemins si longtemps foulés par Gertrude Stein, et repart à la source de son écriture, là où les mots ont pris naissance, dans la campagne du Bugey, à quelques dizaines de kilomètres de Genève, où l’écrivaine américaine vécut de1926 jusqu'à sa mort en 1946.


Dans son salon parisien, les artistes les plus en vogue de l’époque se serraient les coudes, Hemingway, Picasso, Steinbeck, Matisse et bien d’autres. De son vivant, Gertrude Stein, mère spirituelle de la  Lost Generation, fut, parmi les représentant-e-s de la littérature américaine, une des auteures les plus libres avec le langage. Son travail a énormément influencé toute l’avant-garde américaine et, à partir des années 70, la poésie contemporaine française. Elle a été une véritable pionnière.
 
La compagnie genevoise des basors a été fondée par Eveline Murenbeeld en 1989. Elle compte à ce jour une dizaine de productions, introduisant au théâtre des écritures littéraires singulières non destinées à la scène. Elle s'attache principalement à faire entendre une écriture et sa spécificité poétique, mettant en scène l' «infra-ordinaire» et interrogeant avant tout la perception sensible du monde. Depuis 2008, elle intègre également la vidéo dans ses spectacles, comme contrepoint à la narration principale. Ses deux créations précédentes (d'après Virginia Woolf et Sei Shônagon) figurent à nos yeux parmi les plus belles réalisations théâtrales romandes de ces dernières années.

« En général, les gens sont plus intéressants quand ils ne font rien que quand ils font quelque chose.»
Gertrude Stein
 
«Par le personnage d’Ida, Gertude Stein parle de l’identité, de la présence à soi, à l’autre et au monde. Elle traverse les époques et déjoue tous les clichés de la représentation féminine. Ida privilégie l’être sur le faire, l’inaction, la vacance, la promenade et l’inconstance. Ce qui en fait une figure libre et libérée de toutes les attentes sociales actuelles. C’est ce que j’aime dans ce texte et qui m’a poussée à vouloir le mettre en scène.»
Eveline Murenbeeld

Soutiens : Département des affaires culturelles de la Ville de Genève, République et canton de Genève,  Fondation Leenaards, Fondation Ernst Goehner, Fondation Suisse des Artistes Interprètes

Informations...

Auteur

par la Compagnie des Basors

Genre

théâtre et vidéo

Age

Dès 16 ans

Durée

1h30

Lieu

Temple Allemand